Le plus haut col d’Europe à moto

Samedi 25 juin, un des jours les plus longs de l’année et une journée particulièrement ensoleillée. Il ne m’en fallait pas plus pour planifier une bonne grosse balade.

Au menu du jour: col de la Bonette, lac de Serre-Ponçon, site des Demoiselles Coiffées (colonnes de pierre friable d’origine jurassique supportant des pierres granitiques), Digne-les-Bains, Gorges du Verdon, Castellane, Grasse.

Après avoir pris l’autoroute pour rejoindre plus rapidement l’ouest de Nice, le début de la balade commence vraiment à hauteur du Plan du Var lorsque la route se met à tournicoter.
L’ombre que procurent les parois rocheuses est bienvenue, car même s’il est à peine 10h le soleil tape déjà bien fort. Pour l’instant il y a pas mal de trafic mais au fur et à mesure que je roule et que les villages s’espacent, la route se dégage peu à peu.

Une première petite pause devant le fort de la Fressinea, un ouvrage d’infanterie construit dans le but de renforcer la ligne Maginot.

Puis je reprend la route, comme c’est agréable de respirer à plein poumons ces senteurs de sapins et d’herbes fraichement fauchées en bordure de route. Je remonte la Tinée et son eau transparente, le paysage est vraiment idyllique.

Au fil des kilomètres, les sapins laissent peu à peu la place à quelques plaines et les virages à de longues lignes droites ponctuées de grandes courbes. Cela ne va pas durer bien longtemps et les premières épingles apparaissent. A partir de Saint-Etienne-de-Tinée, l’ascension commence réellement. J’atteinds après quelques kilomètres le début de la D64 menant au col de la Bonette, annoncée par des panneaux de mises en garde sur le danger de cette route…
Je passe devant une magnifique cascade qui impose un arrêt l’histoire de prendre le temps de contempler ces tonnes d’eau qui défilent devant moi dans un grondement plaisant. Au passage, ça me permet de profiter d’un brumisateur géant à l’eau de source ;-).

Les alpages apparaissent enfin et les sommets encore un peu enneigés se profilent. Je croise un troupeau de moutons sous la bienveillance de son berger avant d’arriver au camp des Fourches, un ancien campement militaire. Composé de 26 bâtiments maintenant en ruines, il a servit en tant que bivouac aux chasseurs alpins entre 1890 et la seconde guerre mondiale.

Après un rapide tour du propriétaire, je poursuis l’ascension jusqu’à atteindre l’embranchement permettant de faire le tour du col de la Bonette (route à sens unique).
Première constatation, je ne suis pas tout seul ! Entre les courageux cyclistes qui arrivent plus ou moins lessivés et les nombreux motards, allemands pour la plupart, le col le plus haut d’Europe (2802m) est visiblement un objectif à atteindre réputé.
Deuxième constatation: on a perdu pas mal de degrés et qu’est ce que ça fait du bien vu la chaleur qui règne plus bas !

Il est midi passé et après avoir pris le temps d’admirer ce paysage qui s’offre à moi, je me décide à trouver un endroit où déjeuner. Oui mais où ? A part me poser par terre sur la caillasse, je ne vois pas bien où me mettre.
Du coup je décide de reprendre la moto pour entamer la descente vers la vallée de l’Ubaye où je pourrai probablement trouver un endroit plus sympathique pour casser la croute. Bien m’en a pris car après 10-15 minutes de descente, je tombe sur un petit étang entouré de verdure et voisin d’un joli cours d’eau. L’endroit idéal et qui plus est quasi desert…allez hop à la bouffe !

Le déjeuner avalé, je me remet tranquillement en route pour continuer ma descente vers la vallée de l’Ubaye. Nouvel objectif: rejoindre le lac de Serre-Ponçon via Barcelonnette (et au passage faire un peu d’essence) en empruntant la D900B, puis longer le lac jusqu’au site des Demoiselles Coiffées situé au niveau du village de Théus.

L’arrivée sur les hauteurs du lac offre une vue imprenable, et cette eau turquoise sous ce soleil généreux participe grandement à la qualité du spectacle.

Passé le lac, je scrute attentivement les panneaux dans l’espoir d’en trouver un m’indiquant Théus. Au bout de quelques kilomètres, j’aperçois enfin ce fameux panneau et je m’engage sur la route menant au village. Une fois arrivé, plusieurs indications vous guide vers le site. Un premier parking vous invite à vous garer pour emprunter un sentier de balade pédestre menant aux Demoiselles Coiffées. Un panneau indique un deuxième parking situé quelques kilomètres plus haut, je me dis que j’aurai peut-être plus de chance de pouvoir y voir ces fameuses Demoiselles sans avoir à faire de la marche à pied avec mon cuir sur le dos…
Je continu donc à grimper, tourner, grimper et tourner encore sur une petite route de campagne blindée de gravillons en embuscade dans les épingles. Même si c’est assez fun quand la roue arrière dérape gentiment, je suis content d’arriver sans me vautrer à « la salle de bal des Demoiselles Coiffées ».
Bingo, d’ici je peux garer la moto et admirer tranquillement ces étonnantes colonnes de pierre assis à l’ombre d’un cerisier. Mis à part ce sympathique couple de retraités venu de Charente Maritime, il n’y a pas l’ombre d’un touriste ici et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre.

Mais l’heure tourne et l’air de rien il me reste encore pas mal de route. Quelques gorgées d’eau et c’est reparti, direction Digne-les-Bains par la D900C que je vais rattraper en revenant un peu sur mes pas.
Un morceau de route fort agréable avec tout ce qu’il faut de virages et de jolis paysages pour continuer à se faire plaisir. En arrivant dans le village de Seyne-les-Alpes, j’aperçois une grande tour moyenâgeuse (je suis passionné par cette époque), une belle chapelle typée baroque puis enfin une église datant visiblement elle aussi du Moyen Age. Pas besoin de beaucoup plus de choses pour me donner envie de m’y arrêter quelques minutes.
Le temps de flâner un peu et de prendre quelques photos, me voici reparti.

Arrivé à Digne, j’avais prévu d’emprunter la N85 (plus connu sous le nom de route Napoléon) pour regagner Grasse via Castellane. Mais la présence de panneaux de déviations visant cette route viendra contrecarrer mon plan. Apparemment la route est barrée à 20km suite à un gros éboulement survenu la veille.
Un peu entêté, je me dis que je trouverai bien un itinéraire bis un peu plus loin l’histoire de me rapprocher quand même un maximum de Castellane et de pouvoir repiquer la route Napoléon à son niveau.
Je suis cependant mon flaire qui me dit de refaire un appoint d’essence juste au cas où…

Allez gazzzz ! Mais aheum, bizarre quand même cette sensation. Je suis absolument seul sur la route, pas croisé une seule bagnole ni une seule moto depuis un moment. Hmm, ça sent pas bon. Ah ! si…enfin un groupe de motards en approche !
Au moment de les croiser ces derniers me font de grands « non » avec les mains. Mouais, je décide quand même de continuer encore un peu mais sans réel espoir de pouvoir continuer d’avancer dans cette direction.
Je croise encore deux autres motards arrêtés à un carrefour, la carte Michelin dépliée et visiblement autant en galère que moi. Je continu encore sur un petit kilomètre et croise encore un motard me faisant les mêmes signes que ceux croisés précédemment. OK, allez je fais demi-tour.
Je décide de m’arrêter à la hauteur des deux types du carrefour, toujours en pleine méditation sur leur carte. On échange quelques mots sur nos destinations respectives. Eux viennent de Paris, sont père et fils, en vacances pour une semaine et cherchent à rallier Nice.

Tiens ben ça tombe bien, comme moi je rentre sur Cannes on décide de faire la route ensemble jusqu’à l’autoroute A8 qu’ils reprendront à Mougins. De plus, ces messieurs disposent d’une carte détaillée de la région et pas une vulgaire carte de France comme la mienne (j’avais pour l’occasion laissé le gps à ma chère et tendre)…Retrouver une route de contournement sera forcément plus facile.

Nous rebroussons donc chemin jusqu’à Châteauredon où nous bifurquons à gauche pour prendre la D907 puis la D963 jusqu’à Puimoisson où nous nous retrouvons au milieu de champs de lavande. Une étendue violette à perte de vue et une odeur prenante. Je n’aime pas vraiment l’odeur de la lavande, ça me donne mal au coeur. Alors même si c’est très joli, je suis content d’atteindre rapidement la limite de ces champs.
Ouep rapidement c’est le mot, car on peut dire que les deux bonshommes enquillent comme il faut. Propre hein, mais comme il faut. Tu m’étonnes, vu les machines: une MV Agusta Brutale pour le père et une Aprilia Falco pour le fiston ! Avec mon modeste 650 je fais un peu petit joueur.
Nous nous arrêtons à Moustiers-Sainte-Marie l’histoire de faire une petite pause. C’est un très très joli petit village et de surcroît animé ce jour-là. Il aurait en tout cas mérité qu’on y passe plus de temps, mais on en avait déjà tellement perdu à cause de cette déviation et nous étions encore loin d’être arrivés…

Reprise de la route et premier panneau annonçant Castellane par les Gorges du Verdon (D952). Niveau paysages là encore on a vu pire. Lorsque la route passe sur les hauteurs du lac de Sainte-Croix, c’est tout simplement sublime. Et lorsque vous pensez que c’est fini, vous entrez dans les Gorges du Verdon où d’autres merveilles s’offrent à vous !

Nous sommes quand même content d’atteindre Castellane pour ENFIN retrouver notre chère route Napoléon. Les Gorges c’est super joli, mais pas vraiment roulant contrairement à la Napoléon qui va nous permettre de rejoindre rapidement Grasse.

Une fois arrivé à Grasse, nous récupérons la pénétrante qui ramènera mes copains d’un jour à l’autoroute. Il est quand même pas loin de 20h et après une journée complète de bécane je suis rincé ! Il faut dire qu’avec ce petit détour, ma balade du jour comptabilise quand même 470km…

Fatigué oui, mais tellement heureux !!

Allez en bonus, je vous laisse mon roadbook au format itn. Faites un clic droit ICI pour le télécharger (enregistrer la cible du lien sous…).

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2 commentaire

  1. Trop sympa ta ballade Tom’ ! Ca me fait trop envie !! Je suis allé aux gorges du Verdon l’année dernière, j’ai trouvé ça vraiment incroyable… Par contre y doit falloir faire gaffe en moto ! 🙂

  2. […] avec au programme un pique-nique au col de la Cayolle que je n’ai jamais franchi, puis le col de la Bonette déjà visité en […]

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