Tour de Corse à moto sur une semaine – 2ème partie

3ème jour, 4h du mat’.

 
Me voilà réveillé par une belle migraine. Un truc à se taper la tête contre les murs de la tente.
La poisse, ça me file tellement la nausée que le médoc pris s’fait la malle peu de temps après. Impossible de me rendormir, je cherche en vain une position où la migraine me tabasse le moins.

Lorsque le jour se pointe, je vais prendre une douche bien chaude car parfois cela fonctionne bien pour atténuer la douleur.
Effectivement, ça ne fera qu’atténuer. Il faudra donc faire avec. Le seul truc, c’est que je me demande bien comment je vais reprendre la route dans cet état…

 

Pour couronner le tout, je m’aperçois que des millions de petites araignées rouges ( qui sont en fait des acariens ) ont colonisé l’extérieur de ma tente ainsi que le matériel laissé devant.

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Quelle merde, il y en a partout et ça laisse des traces rouges lorsqu’on les écrase.
Je suis complètement au radar, je range un peu n’importe comment les affaires dans les valises en prenant garde à chaque fois de bien refermer la moustiquaire pour ne pas que ces saloperies ne rentrent.
Il me faudra trois essais avant de réussir à replier correctement la tente et sans embarquer ses occupants.

Je profite que ma migraine se transforme en simple bon gros mal de crâne et je trace la route en direction de Bonifacio.

Je m’arrête à Sartène et en profite pour acheter de quoi me faire le déjeuner. Je décide également de réserver une chambre dans un hôtel de Bonifacio. J’avais initialement prévu un bivouac sur la plage de Manza, mais au vu de mon état, j’ai envie d’un vrai lit au chaud pour ce soir. Seul problème, le gérant de l’hôtel m’annonce qu’il n’y a pas la télé dans la chambre ! LOL

La T40 qui mène à Bonifacio est vraiment top. Alternance de virages bien roulants et de longues lignes droites, le tout avec des paysages typiquement méditerranéens, le côté sauvage en plus.

Je m’éclate bien avec le XT1200Z et je me surprend à faire frotter les tétines des cales pieds à plusieurs reprises…

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L’arrivée par les hauteurs de Bonifacio via le col de Roccapina est juste incroyable. On se retrouve face à la mer sur la côte la plus au sud de la France. En face c’est la Sardaigne, mais je ne pourrai que l’imaginer.
Il est midi passé, je m’accorde une pause casse-croûte à l’ombre des eucalyptus car le soleil cogne et ma tête également.

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Une fois à Bonifacio, je laisse la moto à l’hôtel qui dispose d’un box moto s’il vous plaît ! Je pars ensuite découvrir la ville à pied.

Bonifacio est un peu victime de son succès. Le touriste y est traqué pour un tour en bateau puis attendu au fusil de chasse à son débarquement par l’un des restaurants du port.

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Mais la citadelle qui domine la ville mérite l’ascension pour aller la voir de plus près. Avec mon mal de tête qui persiste, c’est au ralenti que j’effectue la grimpette.

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La récompense viendra avant même d’atteindre l’entrée de la citadelle. Les célèbres falaises de calcaire apparaissent à mi-chemin. Sorte de millefeuilles de pierre, le décor qu’elles offrent est saisissant.

En face on voit très bien l’île Lavezzi où il est possible de se rendre en bateau navette. On ne voit pas la Sardaigne située à seulement 7km de là, mais j’imagine que cela doit être possible selon les conditions météo.

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Je continu de monter et rentre dans la citadelle. C’est très joli mais tout comme lors de ma récente visite à Carcassonne, je me dis que finalement c’est plus sympa vu de l’extérieur. La faute à l’omniprésence de restaurants à touristes qui affichent leur menu “corse”, aux glaciers en veux-tu en voilà et quand il reste de la place, aux boutiques souvenirs made in China.

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Je flâne dans les ruelles mais les nombreux touristes en chaussettes-sandales me gonflent vite. Je n’imagine même pas le calvaire en été, même si quelque part je suis moi aussi un touriste.

Je me suis trop bien habitué aux endroits tranquilles depuis que je suis là. Ça va me faire bizarre lorsque je serai de retour chez moi !

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4ème jour.

Cette nuit à l’hôtel m’a fait le plus grand bien. Mon mal de tête semble avoir complètement disparu, je vais pouvoir rouler dans de meilleurs dispositions.

Je fais le plein avant de prendre la route en direction de Zonza, via Porto-Vecchio. L’objectif étant d’aller voir les aiguilles de Bavella situées juste après Zonza. En fonction de l’heure, je verrai ensuite si je continu plus loin ou non.

Pour en revenir à l’essence, sachez qu’on trouve quand même pas mal de stations malgré ce qu’on peut lire sur le net. Basé sur ces lectures, j’avais pris pour habitude de ravitailler par précaution tous les 100-150km. Mais s’il vous reste assez d’essence pour 60-70km, vous ne devriez pas être embêté même dans les zones les plus “reculées”.

Niveau tarif, j’ai pu observer des prix au litre entre 1.46€ et 1.56€. Sachant que, étonnamment, les prix les plus bas constatés l’étaient généralement dans les endroits les plus paumés. Sur le continent, c’est quand même plus souvent l’inverse.

 
La T10 qui m’amène à Porto-Vecchio est agréable, mais vu les lignes droites…gare aux radars ;-).

Juste avant Porto-Vecchio, je tourne à droite pour faire un crochet par la route de la plage de Palombaggia en pensant pouvoir bénéficier d’une belle vue sur la mer.

Bon ben en fait on ne la voit quasiment pas, la faute aux villas luxueuses qui ont poussé là. Ah les limites de la reconnaissance par Google Map !

On peut noter seulement un passage dans une belle parcelle d’eucalyptus, l’une de mes essences d’arbres préférée. Mais de là à dire que ça vaille le détour, clairement non. Je retirerai cette portion avant de mettre mon roadbook à disposition.

Je passe ensuite une zone commerciale et m’arrête dans la boulangerie pâtisserie Paul Mallaroni l’histoire de faire un ravitaillement en sandwich et viennoiseries. Tout à l’air si bon là-dedans que j’ai envie de tout acheter…

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La serveuse super sympa me détaille les différentes tentations locales qui s’offrent à moi. Je fais mon choix ( raisonnable bien sûr ) puis prends la direction de Zonza par la D368.

A l’Ospedale je m’arrête au “Nid d’Aigle”, qui est un relais motard, pour prendre mon premier café de la journée et pour profiter d’une vue fantastique sur la Corse du sud. Je conseille l’arrêt rien que pour cet établissement atypique dont la terrasse a été installée sur un rocher.

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Je reprends le départ en même temps qu’un petit groupe de mamies venues tout comme moi affronter le col de Bavella…. à la différence près qu’elles sont en 2CV.

Mais je m’arrête en fait peu de temps après pour une énième pause contemplation au lac de l’Ospedale. Avec ses sapins les pieds dans l’eau et les montagnes en arrière plan, ce lac artificiel généré par un barrage me fait penser aux paysages canadiens.

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Avec tous ces panoramas de cartes postales qui incitent à s’arrêter très fréquemment, la Corse est un régal pour les yeux mais un supplice pour les batteries de nos bécanes adorées. Sur ces routes qui ne font que tournicoter, les pneus sont eux aussi mis à rude épreuve. Ici pas de problème de pneus carrés ;-).

Je passe Zonza vers midi et décide de poursuivre les derniers kilomètres qu’il me reste pour aller déjeuner au col de Bavella. Le temps se couvre mais comme en montagne et tout particulièrement en Corse le temps change vite, je reste optimiste et me dis qu’au pire je ne prendrai que quelques gouttes avant de retrouver mes rayons de soleil adorés.

Ah voici les aiguilles…et les bus de touristes ! La vache, je ne m’attendais pas à cela ici. Ya même deux restaurants et un grand parking payant. Ah sacrés corses, ils habitent le sud mais n’ont pas perdu le nord.

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Je reste à l’écart de la foule et savoure mon déjeuner tranquillement en admirant ce beau paysage déchiré qui s’offre à moi.

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C’est rigolo de voir les nuages jouer à saute mouton au dessus des aiguilles.

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Je redescend ensuite jusqu’à Zonza et bifurque sur la D420.
Pause café à Quenza où je suis tombé amoureux d’une belle demeure en manque d’affection, tout comme le brave labrador qui viendra me tenir compagnie.

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Après avoir réveillé les morts au son de l’Akrapovic, je bifurque sur la D69 à l’attaque de col de la Vaccia.

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Je baisse drastiquement ma moyenne car cette zone est occupée par les cochons “semi-sauvages”. Je dis semi-sauvages car contrairement à ce que beaucoup pensent, ces cochons ( croisement entre des sangliers et des cochons domestiques ) appartiennent à des éleveurs qui les laissent gambader gentiment avant de les transformer en saucissons ;-).

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Il n’y a qu’à voir le nombre d’enclos à cochons que je verrai défiler le long de la route.

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Après le col de la Vaccia, j’aperçois un chemin de terre et de cailloux ouvert à la circulation et qui semble mener à un plateau un peu plus loin. J’hésite…ça serait sympa pour planter la tente même si ça risque de cailler cette nuit.

Hmm, bon continuons. Zicavo n’est plus très loin et je sais qu’il y a un gîte réputé là-bas. Oui mais quand même, je suis venu en Corse pour planter la tente non ?

Je ne sais pas, j’hésite. J’essaie de me trouver des excuses pour ne pas tenter le bivouac qui finissent par me convaincre plus ou moins. Allez, allons donc voir ce gîte.

Le gîte en question est celui du “Paradis” tenu par Louise, une adorable retraitée qui me propose bien volontiers un toit pour passer la nuit. Mais j’hésite car même si le prix est raisonnable, j’ai toujours en tête cette idée de bivouac.

Nous restons un moment à papoter et dans ma tête je me dis que toutes les personnes rencontrées jusqu’à présent ont toutes été super accueillantes et bienveillantes.

Je ne parle pas de relation avec le client, mais de réelle sympathie et d’échanges humains. Quand je vois comment se passent les relations humaines dans mon travail, ça fait du bien de voir qu’il est encore possible de discuter de façon désintéressée.

Je décide cependant de rebrousser chemin et d’aller tenter le bivouac. Si je ne le fais pas, je sais que je vais le regretter.

Avant cela, je fais un crochet par un minuscule bled en contrebas qui a le mérite de disposer d’une station-service ( la moins chère encore rencontrée ) où le patron fume sa clope à côté des pompes et me demande pour combien j’ai mis tellement il a la flemme d’aller vérifier lui-même. Moi j’adore ce genre de personnage :-).

Je retourne ensuite en direction du col de la Vaccia. Sur la route, lors du passage d’un pont, j’aperçois quelque chose que j’avais loupé tout à l’heure: une magnifique cascade avec piscine naturelle. Chouette voici ma douche pour demain !

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Je boucle les quelques derniers virages et me voici de nouveau au col. Je prends mon courage à deux mains avant de m’engager sur le chemin en terre qui longe le flanc de montagne. Les cochons se poussent à mon passage et je flippe un peu car si je me loupe, ça va être difficile d’aller récupérer la moto plus bas…

Le Super Ténéré part un peu dans tous les sens et j’ai franchement pas envie de le faire tomber ici où il passe à peine quelques bagnoles par jour, et encore.

Après quelques gouttes de sueurs, j’arrive sur le plateau tant convoité et j’y découvre une vue panoramique sous un soleil radieux. Je suis à 1160 mètres, il fait chaud mais autant vous dire que la nuit sera probablement froide.

Je trouve un endroit bien plat, sans trop de merdes de cochons et à peu près abrité des courants d’air potentiels. Voici le lieu idéal pour installer le campement !

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Je suis heureux. Pas un bruit si ce n’est celui des cochons un peu partout autour de moi. Faudra pas laisser traîner de bouffe cette nuit…
En parlant de bouffe, il est l’heure de faire péter les raviolis et de profiter d’un coucher de soleil au dessus des nuages.

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Bonne nuit mes cochons !

 

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1 commentaire

  1. Salut Thomas, une belle aventure dans le plus beau pays du monde !!!
    Tu dois avoir plein d’étoiles dans les yeux !!!
    Biz.
    Daniel

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