Tour de Corse à moto sur une semaine – 1ère partie

Cela fait des années que j’habite en face et des années que je me dis qu’il faudrait vraiment que j’aille y faire un tour. Il s’agit d’un tour de la Corse bien sûr !

Et quoi de mieux qu’une moto pour visiter la Corse ? Rien assurément :-). OK ce n’est pas très objectif…

Avec quelques jours de congés à solder, je me suis dis que c’était le bon moment et la bonne période pour me rendre en Corse. Les journées sont longues, la foule estivale n’est pas encore arrivée et les prix restent de ce fait raisonnables. Alors GO !

 

Le voyage commence avant même d’être parti.

 

Une fois les billets de ferry pris, je me mets au travail. Préparation du roadbook et planification de l’hébergement.

Oh puis merde, je suis déjà soumis à des planning toute l’année, je vais pas continuer ça en vacances !

Je prends donc la décision de ne rien réserver ni planifier quoi que ce soit, si ce n’est une trame générale de roadbook l’histoire de ne pas non plus passer à côté d’un lieu incontournable du patrimoine corse.

J’arriverai donc à Bastia et je ne me fixe dans l’absolu aucun autre objectif que de revenir à temps à Bastia pour ne pas louper le bateau retour.

Je partirai avec la tente et de quoi être autonome pour les bivouacs. J’emporterai également quelques outils pour pallier notamment à une crevaison ou une petite panne. Ça va être l’aventure ! :-).

 

Ok très bien, maintenant regardons un peu ce qu’il y a de beau à voir et à rouler.

A l’aide du net et d’un pote baroudeur qui connaît déjà la Corse, le roadbook général se dessine et les points potentiels de bivouac également. Je suis déjà dans le voyage, comme à chaque fois que j’entame la création d’un roadbook ou que je bouquine et parcours le net à la recherche d’infos sur une destination.

Je prévois donc un mini tour de Corse à moto sur 7 jours qui me fera démarrer et rentrer de Bastia. L’histoire de ne pas tout faire au pas de course, je décide de ne pas faire le tour du Cap Corse mais de plutôt rallier directement la côte ouest en passant par le désert des Agriates.

Je longerai ensuite une bonne partie de la côte ouest jusqu’à Bonifacio, avant de prendre le chemin retour via l’intérieur des terres. Une sorte de terre-mer corse du voyage à moto.

 

Ma liste de choses à emmener s’allonge à mesure que la date du départ se rapproche, mais je sais déjà qu’au final il me faudra faire l’impasse sur certaines choses qui ne rentreront clairement pas dans les valises de la moto.

Et ce que je craignais s’est vérifié la veille du départ, lorsqu’il a fallu tout charger sur la moto.

Bon ce pull, hop viré. Des chaussettes pour toute la semaine, à quoi bon ?

C’est bon ça ferme maintenant mais….umpfff le top case est bien trop lourd, je vais défoncer la platine de support si je la charge avec ce poids.

Cet outil, de toute façon si j’en ai besoin c’est que je serai trop dans la merde pour réparer ça en bord de route. Allez ça dégage.

Ah voilà, c’est mieux maintenant !

 

Vendredi matin, jour du départ.

 

En me levant, je croise du regard Ted Simon, posant sur la couverture de son livre “Les Voyages de Jupiter” que j’ai fini de lire quelques semaines auparavant.

Quand je vois tout le merdier que j’emmène pour une semaine versus le peu de choses qu’il emmène pour un tour du monde de plusieurs années, je me pose des questions quant à l’utilité réelle de tout le contenu de mes valises.

Pourtant ma Gopro prend moins de place que l’appareil photo qu’il avait et je n’ai même pas assez de vêtements pour faire la semaine…

 

Vendredi soir.

 

Ça y est, je démarre la bête, ou plutôt le mulet. Ouah, les premiers tours de roues ne sont pas engageant car l’équilibre de la moto est complètement perturbé.

Il va falloir que je m’y fasse parce que je ne vois pas comment répartir les affaires autrement.

En croisant la voisine qui rentre du boulot puis un pépé que je vois régulièrement fumer sa clope à la fenêtre, je repense une nouvelle fois au bouquin de Ted. Le passage où il part de Londres sous la flotte et croise ses collègues qui arrivent au bureau, se demandant s’il ne ferait pas mieux de rester là et profiter d’un routine peinarde et confortable.

Dans une bien moindre mesure, je me trouve à cet instant dans le même état d’esprit. Ça peut faire sourire voir éclater de rire le baroudeur aguerri, mais c’est une grande 1ère pour moi de ne pas savoir où je vais pouvoir dormir pendant une semaine. Je suis à la fois inquiet et excité de quitter ( modestement ) ma zone de confort. « Un beau challenge » comme dirait mon boss…

Alors oui OK c’est la Corse et non pas le bush australien, mais quand même.

 

Sur la route qui mène au port, j’évite pas moins de trois bagnoles qui tentent de se rabattre sur moi. C’est pas comme si la bécane faisait le double de son volume habituel !

Faut croire que ça fait aimant à chauffards ( pour rester poli… ).

Arrivé au port, je me fais contrôler mon chargement.

– Pas de bonbonne de gaz ?

– Non m’dame

En voyant tout mon bordel accumulé dans mes valises, la fille a pitié de moi et ne fouille pas jusqu’au fond des valises. Tant mieux pour moi, ça m’aurait fait chier de perdre du temps à Bastia juste pour trouver une nouvelle bonbonne de gaz.

Comme je suis arrivé avec un peu d’avance, j’ai le temps de savourer un bon sandwich avant que la pluie et le bateau ne se pointent.

L’embarquement est chaotique et se déroule dans le vacarme provoqué par tous les participants à deux roues motorisés.

Scooters, gros trails, super-sportives, roadsters et gros customs se pressent pour aller se mettre au sec, mais moi je stress à l’idée de glisser sur les plateformes métalliques du bateau.

Les motos sont parquées au niveau le plus bas et je serre les fesses dans la rampe d’accès car le mec en scooter devant semble tétanisé et s’arrête quasiment en pleine descente.

Une fois garé, je prends possession de ma cabine. L’accent du personnel n’a franchement pas bien l’air corse, ça me fait sourire.

J’assiste au départ sur l’un des ponts, c’est vraiment sympa le bateau.

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Au bout d’un moment le vent se lève et le bateau se traînant tellement comme une limace asmathique, je décide de rentrer et d’aller me coucher.

Quand je vois les gens squattant les moquettes et les quelques fauteuils gratuits du bateau, je me dis que j’ai bien fait d’opter pour le supplément cabine…

Avec une arrivée à Bastia prévue à 7h, je préfère être bien frais pour attaquer ensuite la journée de roulage.

 

Samedi, 1er jour sur l’Ile de Beauté.

 

En sortant du bateau, je n’ai qu’une idée en tête: CAFÉ !

Je n’ai pas trop mal dormi mais le réveil matinal a été rude. A la sortie du bateau, la police accompagnée du “Monsieur moto corse” remet à tous les motards un petit dépliant. Il s’agit de conseils de sécurité pour la pratique de la moto sur les routes corses. Il y a certains trucs qui font un peu sourire mais le fond et la forme sont bons. C’est un concept intéressant, faudra que j’en parle aux copains de la FFMC06…

Me voici donc en Corse !

Bastia semble être une ville agréable et malgré l’heure matinale, les cafés à proximité du port sont pris d’assaut par…les motards qui étaient sur le bateau.

Je décide de pousser un peu et entame la route qui part vers Saint Florent. Ça grimpe direct et je passerai rapidement un col à plus de 500 mètres sous un magnifique rayon de soleil.

Je m’arrête en terrasse d’un petit hôtel restaurant pour prendre enfin mon café. Accueil chaleureux de la famille qui tient les lieux.

Malheureusement la pluie et le vent m’ont retrouvé. Lors d’une pause photo, l’un de mes gants s’envole et vient se coincer in extremis dans un des plots marquant le virage.

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Un peu plus et il terminait quelques centaines de mètres plus bas. J’aurais eu l’air bien con avec un seul gant ! Surtout que dans le prospectus de la sécurité routière, ils rappellent bien qu’il faut mettre ses gants ;-).

Je traverse le désert des Agriates sous une alternance de pluie, ciel menaçant puis de soleil. Tout ça en l’espace d’une demi-heure. Les paysages sont magnifiques et l’on voit au loin que les cimes des montagnes sont encore enneigées.

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Ceci dit, je ne trouve pas le paysage en lui-même vraiment désertique. Au contraire, la pluie provoque une explosion de senteurs dû aux plantes et aux fleurs.

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J’arrive à l’Ile-Rousse et la pluie se remet à tomber. Je fais le tour du centre ville et pousse jusqu’au port. C’est vraiment mimi bien que le temps maussade gâche un peu le plaisir.

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Les crustacés encore vivants du marché me mettent en appétit, mais il est encore un peu tôt pour déjeuner.

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Je poursuis donc ma route jusqu’à Calvi, cité génoise par excellence.

Le soleil est revenu et met en valeur la citadelle qui surplombe la ville et son port.

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D’après les panneaux interdisant l’accès aux parkings, les motos ne semblent pas les bienvenues ici. Ne voyant pas de parking dédié aux 2 roues, ça finit par me gonfler et je décide de me garer dans un ptit coin de rue. Je pars ensuite à pied flâner dans les ruelles à la recherche d’une bonne table.

Avec ce beau ciel bleu, les restaurants du ports sont attirants. Mais les menus à touristes me coupent la faim et je décide de continuer un peu.

La carte de “Chez Dumé” me fait de l’œil et je décide de lui confier mes papilles. Outre un accueil et un service irréprochable, je me suis copieusement régalé accompagné bien sur d’une Pietra à la pression.

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Après ce bon repas, je décide de continuer vers Porto en prenant la route côtière D81b.

On me l’a déconseillé de part son état malgré le fait que le panorama soit superbe. Oui mais justement, j’aime bien les routes défoncées moi, du coup ça fait deux fois plus de raisons de passer par là.

Comme prévu, mon Super Ténéré fera fi de l’état de la route et la beauté de l’endroit ne me fera pas regretter mon choix. Paysage méditerranéen certes, mais avec un supplément d’âme. Une âme corse !

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C’est étonnant de voir l’effet du vent et de la pluie sur ces roches. On pourrait presque croire à des sculptures. D’ailleurs du vent, il y en a…et il souffle sacrément fort !

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Je suis vigilant, surtout que la route n’est pas large et sans aucun muret de protection. Faut vraiment pas avoir le vertige. Mais la moto ne bronche pas et reste collée à la route malgré l’imposant chargement. J’ADORE cette bécane !

Bien qu’elle me procure beaucoup de confort et d’agrément, je crains que le XT1200Z ne puisse rien contre les énormes masses nuageuses qui foncent droit sur moi.

Nous sommes en milieu d’après-midi et je me dis qu’il est peut-être temps de chercher un endroit où planter la tente…

Malheureusement ce n’est pas aussi simple. Je passe deux campings fermés et ne trouve pas d’endroits où bivouaquer légalement et / ou en sécurité.

Je fini par tomber sur un camping à Galéria. Le nom du bled colle bien à ma situation, je vois ça comme un signe du destin et décide de m’y arrêter.

Étant l’unique client avec une tente, j’ai l’embarras du choix quant à l’emplacement. Les joies du hors-saison assurément.

C’est pas le grand luxe ( j’avais voté NON au référendum sur les chiottes à la turque ), mais il parait qu’il y a des douches chaudes alors ça fera l’affaire.

 

 

2ème jour.

 

Le soleil est revenu et je lève les voiles de bonne heure pour quitter ce camping un brin sinistre.

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Je me dirige vers Piana pour aller y admirer ses célèbres “calanches”, mais avant cela je commence la journée par un petit crochet sur la route qui mène à Manso.

L’intérêt de cette route c’est qu’elle longe en partie le Fango, charmante rivière dans laquelle il est possible de s’y baigner. Le cadre est idyllique mais je n’ai pas tenté la baignade.

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Je reprends la route en direction de Porto et m’arrête au col de Palmarella, absolument bluffé par la vue qui s’offre à moi.

On se sent tout petit face à la beauté du paysage. Je note quelques traits de ressemblance avec le massif de l’Estérel de ma région, sauf que les corses ont su préserver et conserver sauvage cet environnement.

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Depuis que je suis en Corse, je me dis que les Alpes-maritimes ont vraiment été défigurées par le béton…

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En continuant ma route, je croise toutes sortes d’animaux sortis de nul part: des vaches, des petits cochons et des chèvres. Ces dernières semblent être dotées de super pouvoirs d’escalade tellement elles semblent à l’aise dans l’ascension des parois rocheuses.

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Elles ont visiblement été tout comme moi sensibilisées à la sécurité routière car elles passaient gentiment derrière les rails de sécurité pour longer la route plutôt que de risquer leur peau en plein milieu. Futées les biquettes !

L’arrivée sur les hauteurs de Porto donne envie de s’y arrêter. Avec sa belle tour génoise et sa grande plage, c’est ici que je vais aller me descendre une bière fraîche ( pas sécurité routière friendly ) et casser la croûte.

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En quittant Porto, on arrive très vite aux calanques de Piana. De toute façon, au vu du nombre de personnes arrêtées au bord de la route, je n’aurais pas pu les louper. Je n’imagine même pas le boxon que ça doit être en plein été…

Effectivement ça vaut le coup d’œil. Ces roches qui ressemblent pour certaines à un tas de gruyère fondu sont vraiment étranges. Je reste un bon moment à contempler le paysage.

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C’est assez difficile de digérer tant de belles images qui s’impriment en moi. Il est clair que ça mériterait plus qu’une semaine. Ceci dit la Corse est tellement riche que je ne suis pas certain qu’une vie suffirait à en percer et savourer tous ses mystères.

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La suite de la route jusqu’à Ajaccio est en partie sans grand intérêt mis à part quelques sections roulantes et viroleuses. Il y a aussi ces magnifiques eucalyptus qui bordent les routes. C’est autre chose que les platanes quand même…

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Je décide de ne pas m’arrêter à Ajaccio et de prendre la route de Propriano en passant par les petits chemins.

Et là je me dis que j’ai bien fait de tout caler et bien protéger dans les valises ( expérience acquise lors de ma sortie off-road à la Vallée des Merveilles ).

La D81b qui part de Calvi, à côté c’est un bitume de piste de MotoGP !

La D302 ressemble plus à un champs de bataille qu’à une véritable route, mais bon la Super Ténéré encaisse malgré le rythme soutenu que je lui impose. Quant à moi je m’amuse bien, comme toujours :-).

On se rapproche de l’heure du goûter et je me dis que ça serait pas mal de commencer à chercher un bivouac pour la nuit. Bien m’en a pris car après quatre campings fermés et plus d’une heure de recherche qui m’amènera jusque sur la plage, j’en trouve enfin un qui veuille bien m’accueillir.

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Rien à voir avec celui d’hier, celui-ci est parfaitement tenu et les équipements sont au top. En plus le nom me fait marrer car le camping s’appelle “Ras L’Bol”. Un peu comme moi avec mon taf. A croire que les campings qui viennent à moi ont une signification particulière…

Je me trouve un petit emplacement sympa puisqu’en cette saison j’ai le choix ( en été c’est réservation obligatoire ).

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Juste en face se trouve la plage d’Abbartello, magnifique et grande plage de sable fin. J’y reste un bon moment à contempler la mer avant de rentrer lancer la popotte. C’est que ça creuse une journée pareille !

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2 commentaire

  1. Excellent l histoire de ton périple corse.✌

  2. Super périple 😀

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